Disciplines mobilisées : aménagement et urbanisme, anthropologie, géographie, sociologie et sémiotique.
Axe 1 Pratiques de mobilité et imaginaires urbains
Co-animateurs :
Emre KORSU
- Gwendal SIMON
Dans un double contexte « d’accélération du temps » et de crises économique et écologique, le quotidien de l’urbain se complexifie et se laisse moins bien saisir par les partitions usuelles : routine/exceptionnel, local/lointain, privé/professionnel, rythmes collectifs/désynchronisation, résidence stable/plus ponctuelle (précarité, tourisme, bi-résidentialité). Ce contexte, où des segments diversifiés de population affrontent des situations inédites, requiert de s’intéresser aux pratiques, aux vécus et aux perceptions, d’identifier les valeurs qui sont associées à la mobilité dans différentes sphères et contextes sociaux, et de comprendre les contraintes qui pèsent sur chacun.
Les recherches conduites dans cet axe s’appuient sur une acception extensive de la mobilité quotidienne et l’étudient à la fois comme objet (pratiques, ressorts) et comme analyseur d’autres phénomènes urbains (orchestration du quotidien, organisation des espaces, gestion des interactions sociales, usages de la ville, représentations, circulations des objets et des savoirs). Elles relèvent d’une pluralité d’approches et d’entrées thématiques (routines, pratiques professionnelles, précarité, tourisme, dispositifs techniques, usages modaux, multimodalité, corporéité…) qui ont en commun de privilégier comme unité d’analyse l’individu situé dans son contexte social et spatial. Ces approches convoquent donc une diversité de cadres analytiques (géographiques, sociologiques, économiques, politistes, anthropologiques, esthétiques, psychanalytiques, linguistiques, sémiotiques) pour interroger les modalités d’existence des citadins à travers l’analyse des modes de vie, des expériences, des imaginaires et des disparités d’accès à la ville et à la mobilité.
La logistique individuelle du quotidien
Le déplacement poursuit des objectifs de court, moyen et long termes (travailler, résider, côtoyer ou éviter les autres…). L’observation des pratiques permet de sonder les modalités d’orchestration des modes de vie arbitrés entre aspirations et contraintes, façonnés par les normes et représentations, dans un contexte de ville étalée géographiquement et divisée socialement. L’ambition est de décrire les pratiques de déplacement pour différents profils de citadins et d’instruire son rôle d’outil de gestion du quotidien.
Le vécu et les représentations de la mobilité
La mobilité en ville est une expérience à part entière, éprouvée concrètement, physiquement et mentalement. L’analyse des ressorts concrets, sensoriels et symboliques des séquences spatio-temporelles consacrées au déplacement (perception du temps et du mouvement, interprétation des cadres urbains, rapport aux autres, reconnaissance et assignations identitaires, aspirations, corporéité) par des approches sensibles permet de comprendre l’évolution des conditions d’existence de chacun. Mais la « mobilité » est aussi une norme qui imprègne l’imaginaire contemporain. L’analyse des représentations sociales, les images et les valeurs qui lui sont associées par des acteurs divers (usagers, citadins mais également acteurs publics et privés, opérateurs, constructeurs, politiques ou encore médias, institutions culturelles et artistiques, chercheurs) permet d’éclairer les ressorts d’idéologies mobilitaires, les stratégies d’acteur (dans la production ou la réception de projets d’aménagement) et les modes de production et de circulation des connaissances sur la mobilité.
Les inégalités d’accès à la ville
L’importance croissante prise, d’une part par la question de l’exclusion sociale et d’autre part par l’intérêt nouveau ou renouvelé des communautés politico-administrative et scientifique pour les méthodes d’évaluation des projets de transport qui intègrent la question sociale, stimulent la question centrale de l’accès à la ville opérationnalisée par les mesures d’accessibilité. Les travaux de cet axe poursuivent le double objectif d’approfondir la mesure des inégalités socio-spatiales dans l’accès à la ville (rôle relatif des ressources individuelles et spatiales, distinction des aménités dites « de proximité » et plus lointaines, comparaisons internationales) et d’apporter un regard critique sur les politiques publiques de transport, de logement et les politiques urbaines (évolution des représentations, des catégories d’action, des méthodes et des contenus de l’action publique, effets des politiques correctives). Ces analyses amènent à discuter des normes qui orientent l’action publique et des autres mécanismes de production de la ville jusqu’à l’expérience urbaine elle-même.