Titre de la thèse : Aménager et gérer les gares par les flux : une approche par les instruments de mesure et les dispositifs techniques d’encadrement
Résumé du projet de thèse:
Notre thèse est réalisée dans le cadre d’un dispositif CIFRE au sein de l’entreprise AREP. Ce bureau d’études pluridisciplinaires, filiale de Gares & Connexions, est spécialisé dans les projets d’architecture et de mobilité.
Notre recherche porte sur la manière dont les acteurs intéressés à l’aménagement des gares conçoivent ensemble un projet autour de la notion de flux. L’enjeu est de comprendre comment les parties prenantes – dont les métiers et objectifs sont divers – aboutissent ensemble à des solutions d’aménagement. Nous nous intéressons à la manière dont les professionnels mesurent, représentent et modélisent les flux dans le cadre de projets de réaménagement. Il s’agit donc de s’intéresser aux modélisateurs et à leurs modèles, ainsi que tous les acteurs avec lesquels ils interagissent autour des différents supports de (re)présentation. À partir de l’étude de la pratique de modélisation, activité à l’interface entre science et technique, recherche et industrie, il s’agit de comprendre comment se construit et se légitime une expertise. Nous étudions cette « pratique d’ingénierie » (Vinck, 2014) en tant que telle, dans ses relations étroites avec les architectes et plus largement dans les interactions qu’elle entretient avec les professionnels de l’urbanisme.
Par l’entremise d’un objet, les flux et les foules, appréhendés à la fois comme un ensemble de mesures et comme un ensemble d’outils techniques de gestion, nous étudions les interactions entre les acteurs durant la conception d’un lieu urbain à la frontière du bâtiment et du quartier.
Nous nous appuyons sur deux objets spécifiques : (1) les instruments d’observation, de mesure et de modélisation des flux et des foules ; et (2) les outils techniques de gestion des flux en gare.
En ce qui concerne le premier objet (1), plusieurs questions se posent quant à la manière dont les acteurs appréhendent les flux. Nous interrogeons ainsi les représentations que les concepteurs et gestionnaires se font des flux et de leurs avatars, les foules et leur pendant les individus (usagers, voyageurs, clients). Nous précisons comment les flux sont connus, observés, mesurés et modélisés. Quelles sont les sources de données (comptage, vidéo-surveillances, traces Wi-Fi, etc.) ? Qu’apportent les données à la connaissance des flux et de ses avatars ? D’autre part, nous nous intéressons aux résultats de ces mesures : comment les flux sont-ils mesurés (densité, temps d’écoulement, temps d’attente en gare, panier moyen…). Desquelles les acteurs se saisissent-ils ? Une place particulière est accordée à la question de la modélisation des flux. Cette expertise développée au sein d’AREP est une spécificité du groupe. Dans cette thèse nous ouvrons la « boîte noire » des modèles afin d’en comprendre le fonctionnement. Sur quels présupposés et pour quels objectifs les modèles sont-ils construits ? Comment cette expertise s’intègre-t-elle dans les projets de réaménagements ? Au-delà des modélisateurs et de leurs modèles, nous voulons également comprendre comment les profanes s’emparent des résultats et ce qu’ils cherchent à en faire. Ainsi, nous étudions les supports matériels qui représentent les différentes manières d’objectiver les flux pour les acteurs (plans, cartographies, vidéos, etc.).
Le second objet (2) concerne les dispositifs techniques de gestion des flux en gare : dimensionnement et positionnement des espaces d’attente, des circulations, des services et commerces, de la signalétique et de la publicité… Ils sont intimement liés aux mesures des flux. D’une part, ils les conditionnent : le comptage d’un flux en gare repose sur la configuration spatiale de la gare. D’autre part, ils sont le point de fuite d’un projet de réaménagement : chaque projet a pour but de réagencer l’espace, et ainsi de concevoir de nouveaux dispositifs. Il est question de comprendre comment ils sont agencés par les acteurs pour concilier les intérêts de chacun. De plus, nous nous intéressons à la manière dont ces dispositifs évoluent avec l’émergence de nouveaux enjeux de conception et de gestion des gares.
Directrice de thèse : Caroline GALLEZ
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