La relecture de l’oeuvre de Jules Dupuit à l’aune de la notion de bien-être: intérêt général, bien-être et utilité publique.
Résumé:
Cette thèse a pour ambition de proposer une reconstruction rationnelle de l’oeuvre de l’ingénieur-économiste Jules Dupuit à partir de la notion de bien-être. Elle vise notamment à proposer une lecture différente des travaux de l’auteur qui est généralement considéré dans l’histoire de la pensée économique comme un des précurseurs du surplus du consommateur marshallien. Plus précisément, trois résultats principaux sont établis dans la thèse. Le premier est qu’il est possible de distinguer clairement les notions d’intérêt général, de bien-être de la société et d’utilité publique. Je montre que cette différentiation est même nécessaire pour comprendre la cohérence de la pensée de l’auteur, comme par exemple sur la question du tabac. Le deuxième résultat qu’il ressort de ce travail est la singularité de l’analyse du bien-être de Dupuit dans l’histoire de l’économie du bien-être. D’une part, sa conception se distingue de la première
économie du bien-être en ce que la monnaie ne joue pas rôle dans l’évaluation du bien-être collectif. D’autre part, elle se différencie de l’économie du bien-être en général puisque Dupuit ne s’interroge jamais sur la construction d’une relation de préférence collective sur la base des préférences individuelles. Le bien-être collectif est plutôt évalué par l’intermédiaire de deux indices : l’espérance de vie et la proportion de travailleurs intellectuels dans la population. Enfin,
le troisième résultat est que la conception de la Justice de Dupuit ne peut se réduire comme l’affirment plusieurs commentateurs à la philosophie utilitariste de Bentham puisqu’il arrive à la conclusion que l’utile est juste sans renoncer aux droits naturels de l’homme.
Directrice de thèse
Professeur Nathalie Sigot (Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne, France).
Jury
Richard Arena (Professeur à l’Université de Nice-Sophia Antipolis, France),
Alain Béraud (Professeur à l’Université de Cergy-Pontoise, France),
Robert Hébert (Professeur à Auburn University, États-Unis),
André Lapidus (Professeur à l’Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne, France),
Nathalie Sigot (Professeur à l’Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne, France).
[Note : Le conseil de l’Ecole Doctorale Economie-Panthéon-Sorbonne a décidé qu’aucune mention ne sera
plus attribuée pour les thèses soutenues à partir du 1er septembre 2009]
Biographie, parcours
Mes recherches ont pour objet principal l’analyse des choix collectifs et les outils et méthodes économiques développés pour les déterminer et les mettre en œuvre.
Durant ma thèse, ma recherche s’inscrivait en Histoire de la pensée économique et était consacrée à l’œuvre de l’ingénieur-économiste Jules Dupuit, un des auteurs à l’origine d’une des méthodes fortement mobilisées aujourd’hui pour réaliser des choix collectifs à savoir l’analyse coûts-avantages. L’enjeu principal de cette recherche était de clarifier les fondements normatifs de cette méthode, son articulation avec la notion d’intérêt général et de préciser la place du calcul économique et de l’analyse coûts-avantages selon Dupuit dans les choix collectifs.
Ces recherches en histoire de la pensée économique se sont développées depuis mon intégration au LVMT notamment sur les questions relatives à l’évaluation, à la gestion et au financement des monopoles naturels (tels que les infrastructures de transport) et des biens collectifs (propriété intellectuelle, phare…) chez Dupuit.
Mes recherches ont été complétées plus récemment par des travaux sur le financement des politiques publiques locales et des services publics locaux. Plus précisément, il s’agit de mieux comprendre :
– Qui sont les payeurs des impôts locaux : je m’intéresse notamment au cas des transports, via l’analyse du versement transport/versement mobilité, mais de manière plus générale aux impôts locaux sur les entreprises (CVAE, CFE) ;
– Les effets de la fiscalité locale sur la production de logements abordables.