La mobilité est à la fois une ressource essentielle pour participer à la vie sociale et une pratique qui contribue fortement à l’augmentation des émissions de gaz à effet de serre. Dans un contexte d’urgence climatique, les pouvoirs publics sont confrontés à un dilemme : comment réguler les mobilités sans accroître les inégalités sociales ? Dans cette thèse, nous analyserons comment un modèle d’aménagement de proximité peut modérer la dépendance à la mobilité dans les régions urbaines rurales (RUR). Plus précisément, nous questionnerons le rôle d’un modèle inspiré du TOD, par rapport à d’autres politiques (logement, protection sociale, etc.), pour assurer l’équité d’accès aux équipements.
Nous définissons la dépendance à la mobilité comme le préjudice subi par les personnes peu mobiles (souffrant d’un manque d’accessibilité) ou les personnes fortement contraintes dans leur mobilité quotidienne (sensibles à toute réglementation de mobilité qui augmente le coût de la mobilité ou limite l’utilisation des modes de transport) . Dans les zones périurbaines ou rurales, l’accent est souvent mis principalement sur la question de la dépendance à la voiture. Cependant, nous soutenons que la dépendance à la mobilité intègre de nombreuses autres dimensions que celle de l’accès ou de l’usage exclusif de la voiture. En particulier, le rôle d’autres facteurs liés aux rôles sociaux des individus, que ce soit dans la sphère professionnelle ou dans l’organisation familiale, doit être mieux compris. L’accès aux équipements urbains tels que les services, les commerces, les équipements publics, etc. dépend à la fois de la capacité des individus à choisir la localisation de leur logement et de la concentration spatiale de ces équipements. En effet, tous les individus et groupes sociaux d’un territoire donné n’ont pas le même accès aux ressources. Différents facteurs, tels que l’âge, le sexe, l’origine ethnique, le groupe social, etc. peuvent jouer un rôle important dans l’accessibilité des ressources.
Le développement du TOD est susceptible de créer une dynamique de gentrification au sein des populations existantes. Entre la vision des aménageurs et les souhaits des habitants, cela conduit à s’interroger sur la légitimité de ces aménageurs, le droit de certaines personnes à participer à l’aménagement de la ville, mais aussi à se demander pour qui on aménage : pour la population existante ou les visiteurs de ces zones? Cette opposition à la planification, plus susceptible d’être présente dans ces contextes, sera au cœur de notre recherche.
La thèse s’appuiera sur une comparaison entre les régions périurbaines de France (Région Ile-de-France) et de Suisse (Région de Lausanne). Trois sites seront sélectionnés dans chaque pays. Ils seront choisis en fonction d’un contexte socio-économique contrasté, d’une qualité de service de transport public, d’une accessibilité et d’une planification différentes.
Biographie, parcours
Maya El Khawand est une architecte et « urban designer ». Elle a complété son double master à l’Académie Libanaise des Beaux-Arts (ALBA) à Beyrouth, Liban. Elle a effectué divers stages d’architecture en France, au Liban et un stage en Suisse au Laboratoire de sociologie urbaine de l’EPFL, où elle a acquis des connaissances en mobilité urbaine et en sociologie urbaine.
Ses intérêts tournent autour des villes et de l’amélioration de la qualité de vie urbaine en se concentrant sur la mobilité, la sociologie, la durabilité et l’accessibilité.
Actuellement, elle fait sa thèse au sein du programme Européen TOD IS RUR, à l’Ecole Doctorale Ville Transport et Territoire, sous la co-direction de Caroline Gallez, chercheuse au LVMT et Vincent Kaufmann, chercheur de l’EPFL. Sa thèse porte sur la réduction de la dépendance à la mobilité dans les zones ruraux-urbaines, en analysant le mode d’aménagement du « Transit Oriented Development » (TOD). Son projet de thèse repose sur la comparaison de quatre périmètres d’études en France et en Suisse.