Au cœur des temporalités urbaines, les horaires de travail rythment les pulsations des activités et mobilités quotidiennes. C’est pourquoi j’a interrogé la possibilité d’échelonner les horaires d’embauche pour atténuer la saturation des transports à l’heure de pointe du matin. Les réponses habituellement privilégiées s’appuient sur des considérations d’ordre technique : c’est l’entreprise qui contraint les salariés à se déplacer au même moment. Une des solutions envisagées consiste alors à promouvoir les horaires de travail à la carte. Mais nos observations relativisent la pertinence de cette idée. En effet, en Île-de-France et pour les déplacements en transports collectifs, la flexibilisation des horaires de travail accentue la concentration temporelle des arrivées au bureau.
Ainsi, avant de chercher à résoudre les problèmes de congestion en heure de pointe, il est nécessaire de comprendre les logiques d’action individuelles qui fondent un choix d’horaire de travail. Pour quelles raisons un salarié aux horaires flexibles arrive-t-il au travail en heure de pointe? Guidées par une approche compréhensive et centrée sur les temporalités du quotidien, nos investigations s’appuient sur les résultats d’un questionnaire (3202 répondants) et d’entretiens (29) réalisés auprès de cadres du pôle d’activité de la Plaine Saint-Denis.
Les principaux résultats de la thèse sont consultables dans une courte vidéo publiée par le Forum Vies Mobiles.
Biographie, parcours
Entre 2014 et 2017, sous la direction conjointe de Pierre Zembri, Fréderic de Coninck et Emre Korsu, j’ai réalisé ma thèse sur le paradoxe de l’heure de pointe et des horaires de travail flexibles. Dans le cadre d’une Convention Industrielle de Formation par la Recherche (CIFRE), le travail de doctorat était partagé entre le LVMT et SNCF Transilien.
Entre 2017 et 2019, j’étais Attaché Temporaire d’Enseignement et de Recherche (ATER à plein temps) à l’Ecole d’Urbanisme de Paris.
Mes recherches se situent à l’intersection de l’urbanisme, de la sociologie et de la géographie du temps. Elles s’intéressent aux temporalités des mobilités quotidiennes (vitesses, horaires, fréquences, séquences des déplacements) et questionnent, entre autres, la synchronisation des pratiques de mobilités en ville, la flexibilité des programmes d’activités des citadins ou encore le sentiment d’accélération des rythmes de vie dans les grandes villes occidentales.
En 2019, je débute un projet de recherche international avec l’appui de l’Agence De l’Environnement et de Maîtrise de l’Energie (ADEME). Le projet PMD², pour Politiques de Mobilité Durable et Décélération, vise à identifier de nouveaux leviers de la transition écologique en s’appuyant sur une demande sociale tournée vers le ralentissement des rythmes de vie. Durant la première année du programme, je travaille à l’Université de Bologne et réalise des enquêtes de terrain dans les villes italiennes du réseau Cittàslow. Depuis octobre 2020, je poursuis ce projet au Laboratoire Dynamiques Economiques et Sociales des Transports, à l’Université Gustave-Eiffel.