- Introduction
Auteurs : Olivier Bonin, Luc Charansonney, Laetitia Dablanc, Jean Laterrasse, Florent Le Néchet, Marianne Ollivier-Trigalo, Jean-François Ruault, Mariane Thébert, Laurent Terral
Des recherches du LVMT appréhendent la complexité des phénomènes sociaux et économiques à travers l’analyse de leur déploiement dans des systèmes territoriaux, que ces phénomènes contribuent à fonder et transformer. Parmi ces phénomènes, on trouve les mobilités qui sont traitées ici comme révélatrices des logiques de localisation des biens, des personnes, des institutions, dans l’espace. En retour, ces éléments localisés et leurs interactions sont au cœur des analyses de compréhension de l’évolution et de la transformation des systèmes territoriaux, objets de recherches du LVMT. Cette approche demande d’abord que soient définies la notion de système (Jean Laterrasse ; Luc Charansonney) ainsi que celle de processus (Florent Le Néchet ; Marianne Ollivier-Trigalo) qui permet d’analyser les évolutions et transformations des systèmes complexes préalablement définis. Cet ensemble de notions permet d’introduire les acteurs qui forment les systèmes analysés ainsi que leurs logiques d’action et leurs résultantes, qui se concrétisent ici dans des localisations et répartitions dans l’espace. Cet ensemble aboutit ainsi à la définition du territoire (Jean-François Ruault), espace objet de relations de pouvoir et d’appropriation par les acteurs civils, économiques et politiques, un système territorial en somme.
La prise en considération des mobilités comme constitutives et marqueurs des systèmes territoriaux et de leurs évolutions conduit à s’interroger de manière continue sur les territoires effectivement et concrètement ainsi constitués ; car les mobilités, les flux mais surtout les modes de vie et de production qui leur sont associés par les individus et les acteurs économiques viennent constamment déborder les territoires institutionnels. Les institutions, les collectivités territoriales, l’État définissent des limites, des frontières aux systèmes territoriaux que les acteurs civils et économiques franchissent régulièrement. Les mobilités – mot-valise, qui recouvre ici tant les déplacements que les changements de localisation (mobilité résidentielle ou d’activités) – composent elles-mêmes un système, qui en retour recompose les systèmes territoriaux. Parmi ces recompositions, deux notions sont particulièrement travaillées au LVMT : le périurbain (Olivier Bonin ; Mariane Thébert) ; la métropole (Jean-François Ruault ; Laurent Terral ; Laetitia Dablanc). Ces recompositions renvoient à des questionnements sur une remise en cause d’une vision fonctionnelle hiérarchisée de l’espace (centre / périphérie), que le politique peut endosser à son compte (l’urbanisme est plutôt dans les mains de la ville-centre qui peut ainsi s’opposer aux communes avoisinantes). Elles renvoient également à des questionnements sur les changements d’échelles d’observation et d’action, notamment savoir si le changement d’échelle change également la nature des problèmes sociaux et politiques ainsi que celle des actions entreprises pour les régler. De nouvelles pratiques territoriales commencent à émerger de manière tangible, qu’il s’agisse de l’utilisation d’outils de communication numériques ou de changements de modes de vie et de production liés à la transition énergétique. Les perspectives de recherche qui sont ainsi ouvertes s’inscriront dans l’idée d’analyser comment les acteurs s’en accommodent et ce qu’ils transforment ainsi dans les systèmes territoriaux, et non pas l’inverse (comment contraindre ces nouvelles pratiques pour la conservation de systèmes territoriaux ou le « retour » à des systèmes territoriaux mythiques mais mobilisateurs comme la ville dense, compacte…).